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Séminaire | Cultures populaires, cultures savantes - Saison 2

Publié le 23 juillet 2020 Mis à jour le 13 avril 2023

Ce séminaire, envisagé sur deux ans (2019-2021), est composé de trois journées d'études par an. Il est coordonné scientifiquement par Frédéric Aubrun, Catherine Dessinges, Anna Lushenkova Foscolo et Lucien Perticoz.  L'objectif de ce séminaire est de discuter autour de la dialectique "cultures populaires/cultures savantes" de façon interdiscplinaire en faisant intervenir des chercheurs en littératures et en sciences de l'information et de la communication.
 

PROGRAMME

 
SÉANCE 1

Les représentations de la culture populaire au sein des discours marchands


 

Myriam BOUCHARENC : « Le carrosse et la citrouille. Petite histoire des métamorphoses publicitaires de la littérature. »


 

Résumé : Depuis 2014, en cliquant sur « Madame Bovary », l’usager des moteurs de recherche n’accède plus seulement à des informations sur l’un des plus grands romans de la littérature française du XIXe siècle, mais également au site de l’ « agence de communication corporate » qui porte le nom de la fameuse héroïne de Flaubert. Signe des temps, parmi tant d’autres, de la « publicitarisation » (Berthelot-Giet) grandissante du patrimoine littéraire, pense-t-on volontiers. Ce serait oublier tout ce que le marketing doit à la réinvention – plus ou moins consciente – de pratiques anciennes. « Avoir été […] écrivain puissant, et finir réclame pour dos d’anchois ou étiquette pour quinquins », serait-ce désormais le sort réservé aux grands auteurs, s’interrogeait déjà l’historien de l’iconologie John Grand-Carteret au vu d’un assortiment de publicités mobilisant le nom de Zola et les circonstances de son procès, pendant l’affaire Dreyfus. Il s’agira donc de replacer dans leur perspective historique les usages publicitaires contemporains de la littérature, que ceux-ci procèdent par captations textuelles, auctoriales ou éditoriales.

Biographie : Myriam Boucharenc est Professeure de langue et littérature françaises à l’université Paris-Nanterre, actuellement en délégation au CNRS, Myriam Boucharenc dirige avec Laurence Campa l’équipe de recherche « Interférences de la littérature, des arts et des médias » du CSLF (EA 1586). Elle est spécialiste de Philippe Soupault et Blaise Cendrars, de l’histoire littéraire et culturelle de l’Entre-deux-Guerres ainsi que des relations entre la littérature, la presse et la publicité au XXe et XXIe siècles. Éditrice de la correspondance Blaise Cendrars-Raymone Duchâteau (éd. Zoé, 2015), elle a participé à l’édition « Pléiade » des Œuvres romanesques de cet écrivain (2017). Elle est notamment l’auteur de L’Écrivain-Reporter au cœur de années trente (Presses du Septentrion, 2004) et De l’insolite. Essai sur la littérature du XXe siècle (Hermann, 2011). Elle a dirigé divers ouvrages collectifs parmi lesquels : Réinventer le roman dans les années vingt, Revue des Sciences Humaines, n° 298, 2 / 2010 ; L’année 1925 (Presses de Paris Nanterre, 2012).

Coordinatrice de l’ANR LITTéPUB de 2014 à 2019 (voir site littepub.net), elle est membre du Conseil de l’éthique publicitaire de l’Agence de Régulation professionnelle de la publicité (ARPP) depuis 2017. Dernières publications sur le sujet : Portraits de l’écrivain en publicitaire, La Licorne, n° 128 (2018) et André Beucler à l’affiche, (Presses universitaires de Franche-Comté, 2019).

 

Delphine LE NOZACH : « Les affiches de James Bond, l’ère Daniel Craig passée au crible du placement de produits »
 

Résumé : Qui dit placement de produits dans les films, dit James Bond. À chaque nouvelle sortie de film, le célèbre agent britannique est populairement et médiatiquement comparé à un homme sandwich, un héros ambassadeur de marques, un prescripteur privilégié. Un nouvel opus de la saga cinématographique s’accompagne de réactions à propos des partenariats récurrents et finalement attendus, et des nouvelles marques placées à bon ou mauvais escient. Les mondes de la publicité et de l’agent 007 sont inextricablement liés : que le sujet passionne, amuse ou irrite, il fait couler beaucoup d’encre et ne laisse pas indifférent. Dès la publication des premières affiches, les commentaires font foison dans la presse spécialisée et sur Internet. Par ces visuels, les prémisses du dernier film tiennent lieu de promesses. Dans une perspective sémantique et communicationnelle, nous proposons une étude des affiches, premiers documents diffusés lors de la promotion d’un film, en nous intéressant à la figuration du placement de produits sur celles-ci. Depuis 1962 et en 26 longs-métrages, les affiches de la saga cinématographique ont évolué, traversant les époques et leurs tendances visuelles respectives. Certains diront que les affiches se sont standardisées à l’ère du marketing mondialisé, notamment depuis l'introduction de Daniel Craig dans le rôle-titre en 2005. C’est précisément la période sur laquelle nous focalisons notre analyse.

Notre recherche interroge les partis pris visuels et le rôle du placement de produits sur les dernières affiches en date. Formes de présence, degré de monstration, fonctions diégétiques endossées, enjeux symboliques, dans quelles mesures le placement de produits sur les affiches cinéma des cinq derniers James Bond participe-t-il à la promotion des films ? En quoi est-il essentiel à la construction diégétique du personnage et de l’univers (re)présenté ? Comment devient-il un identifiant intrinsèque à l’édification du mythe 007 dans la mémoire collective ?

Biographie : Delphine Le Nozach est Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine et chercheur au Centre de Recherche sur les Médiations (Crem EA 3476). Auteur du livre Les produits et les marques au cinéma, ses travaux portent sur le placement de produits, le contenu de marque et les insertions publicitaires dans les médias.

SÉANCE 2

L’auteur dans la culture populaire et savante


 

David PEYRON : « De la mort de l’auteur, à l’auteur zombie. Évolution du statut auctorial dans la culture populaire contemporaine ».
 

Résumé : Depuis 15 ans, dans la culture médiatique on a vu émerger une figure nouvelle, celle du fanboy-auteur, ou auteur-fan. Des créateurs de séries, de films, de jeux qui s’affirment comme fans avant d’être créateurs. Ils ne seraient alors « que » des fans qui ont réussi au sein d’une culture participative généralisée. Ils tranchent avec l’image de l’auteur comme être singulier situé au-dessus d’une masse. Cette figure est indissociable de la montée en puissance des outils numériques, forums, comptes Twitter, sites de vidéos induisant un sentiment de proximité inédit entre public et auteurs. Au travers de ce positionnement apprécié des fans, ces auteurs utilisent internet comme moyen de recréer une forme d’underground au sein d’une culture de mondialisée. Nous verrons que cette figure nouvelle trouve tout de même ses limites parce qu’elle n’empêche pas des asymétries de pouvoir, elle ne concerne que des hommes et est critiquée (par les fans eux-mêmes) comme une simple posture marketing.

Biographie : Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Aix-Marseille Université au sein du laboratoire Institut méditerranéen des Sciences de l’Information et de la Communication (IMSIC). Son travail porte sur la question du lien entre identité et fiction dans le domaine de l’imaginaire fantastique, sur les cultures fans et geek en contexte numérique, les rapports entre fans et industries culturelles, et l’appropriation ludique des univers fictionnels. Il a récemment publié « La Pratique du jeu vidéo chez les jeunes : une source de compétences dans la fiction populaire », in V. Berry et L. Andlauer (dir.), Jeu vidéo et adolescence, Liège, PUL, 2019, p. 93-109 ; « Le Jeu de rôle, une pratique au cœur d’un répertoire culturel multimédiatique », in D. André et A. Quadrat (dir.), Le Jeu de rôle sur table, un laboratoire de l’imaginaire, Paris, Minard, 2019, p. 323-328 ; « De La Fake geek girl au vrai geek, l’appropriation des univers de fiction dans la culture geek, outil de hiérarchisation genrée », in M. Bourdaa et A. Alessandrin (dir.), Fan et gender studies, la rencontre, Paris, Téraèdre, 2018, p. 63-84.

 

Frédéric Gai : « L'auteur contre l'écrivain ? Métier(s) d'écrire et pratique(s) d'écriture en régimes médiatiques contemporains ».
 

Résumé : Si le récent rapport Racine (2020) pointe du doigt une évolution nécessaire du statut des auteurs en France aujourd'hui, ce n'est pas uniquement un problème d'encadrement législatif que de réelles modifications des pratiques qu'il faut souligner. Les écritures en ligne, mais aussi ce qui relève de la culture populaire, ont placé depuis plusieurs années maintenant l'écrivain en plus grande proximité avec un collectif qui, par souci participatif, conteste la légitimité auctoriale au profit d'une œuvre résolument plus mobile. Cette intervention souhaite donc placer l'auteur, son héritage littéraire et culturel, en regard de nouvelles pratiques, tant culturelles que littéraires, pour faire ressortir de nouvelles tensions et, peut-être, de nouveaux domaines médiatiques : écriture numérique (de l'hypertexte au multimédia), jeux transmédiatiques, écritures collectives, mais aussi lectures publiques, mise en scène dans les festivals de littérature... Elle tend, en définitive, à placer "auteur" et "écrivain" comme deux notions complémentaires et, parfois, contradictoires.

Biographie : Docteur en littérature française du XXe siècle et enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, Frédéric Gai est spécialisé dans l'étude des pratiques médiatiques des domaines artistiques et culturels, dans l'étude de certain formats (œuvres complètes, séries...) et dans le domaine éditorial. Chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Vendée (littérature, édition) et à l'Université du Mans (édition jeunesse), il a récemment consacré une monographie à la série The X-Files (PU François Rabelais, "Sérial", 2020).

SÉANCE 3

Réception et consommation des cultures populaires et cultures savantes


 

Frédéric AUBRUN : « Au-delà des séries : les narrations augmentées de 13 Reasons Why et Stranger Things »

En l'absence de Fabienne Soldini, un autre intervenant propose sa communication.

 
Chloé MONIN : « Étapes et modalités du processus de légitimation des musiques populaires »
 

Résumé : Autrefois cantonné à l’enseignement de la musique classique, les conservatoires enseignent maintenant le jazz, le rock et la musique traditionnelle irlandaise. Il devient maintenant commun de lire la dernière critique d’un album rock, voire de rap, dans la rubrique culturelle de grand quotidien nationaux. Et depuis quelques années, ce même rock est entré au musée et à l’université, où il est maintenant considéré sous un jour positif. Ce que nous appelons les « musiques actuelles » popularisées par l’industrie de la musique enregistrée ont non seulement gagné en âge (le jazz a un siècle, le rock bientôt 70 ans, le rap bientôt 50) mais aussi en légitimité.

La présente communication s’offre d’analyser et de mettre en évidence les différentes étapes et modalités du processus de légitimation des courants de musiques populaires. Un tel objectif nécessite d’abord d’interroger les réalités empiriques couvertes par les catégories musicales populaire et savante, avant d’analyser les différents aspects de la monté en légitimité d’un courant de musique actuelle (aspects médiatiques, institutionnels mais aussi esthétiques). Cette analyse portera sur un corpus discursif émanant de différents supports (discours médiatiques, institutionnels, fragments d’œuvres). Elle débouchera sur une proposition de modélisation du processus de légitimation d’un objet culturel et musical.

Biographie : Chloé MONIN est docteure en sciences de l’information et de la communication. Elle est chercheuse associée au laboratoire Éducation, Culture, Politique (ECP, Lyon 2). Elle a effectué son doctorat sous la direction de Jean-Claude Soulages à l’université Lyon 2 et a enseigné durant 4 ans à l’institut de la communication (ICOM, Lyon 2). Ses travaux portent principalement sur les représentations médiatiques des musiques actuelles et des sous-cultures qu’elle analyse sous un angle socio-sémiotique. Chloé MONIN est membre de l’IASPM-bfe (International Association for the Study of Popular Music-branche francophone). Elle a participé au projet CODES (Communication, Diversité et Solidarité) et au comité éditorial de la revue Interpares.

Contact :
Frédérique Lozanorios : frederique.lozanorios@univ-lyon3.fr
Thématiques :
Manifestations scientifiques; Culture; Numérique; Lettres; Sciences sociales; Recherche
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